[TV] LA DIVINE COMEDIE DE DANTE & SON ENFER SUR ARTE !


LA DIVINE COMEDIE DE DANTE & SON ENFER SUR ARTE !

Dans la série « La télévision, c’est de la merde » (encore, et encore…)

Ce Mercredi 21 Novembre 2018, Arte proposait un programme tout en littérature, avec tout d’abord un film sur l’écrivain Stefan Sweig. Ce dernier est disponible en replay sur le site de la chaine. Il était en effet très difficile voire impossible, au même moment, de résister à l’appel de TMC (10) et du désopilant Burger Quizz, d’autant plus incontournable qu’il s’agissait de la toute dernière émission présentée par Alain Chabat. Là aussi, si vous avez manqué l’émission, n’hésitez pas à choper le replay !

Mais pour en revenir à la littérature, c’est sur la seconde partie de soirée d’Arte que je voulais revenir ici. Il nous était proposé un documentaire de 52 minutes qui nous plongeait dans la genèse de l’une des œuvres poétiques les plus fondatrices de la civilisation occidentale moderne : La Divine Comédie de Dante Alighieri, et en particulier son premier et plus célèbre volume : l’Enfer.   

Au milieu du chemin de notre vie
Je me trouvai dans une forêt obscure
Car j’avais perdu le droit chemin.

Tels sont les premiers vers légendaires de cette trilogie (L’Enfer – Le Purgatoire – Le Paradis : 3x33 chants + 1 Epilogue => 100 chants). Des vers qui, une fois qu’on les a lus pour la première fois, s’imprime dans notre tête pour ne plus jamais en ressentir, tant leur aura est forte. A l’image de la fameuse inscription sur la porte de l’Enfer : « Abandonne tout espoir, toi qui entres ici. »

Dans une auto-fiction (au plus noble et créatif sens du terme), Dante se décrit comme perdu dans une forêt pleine de dangers, de vices et de tentations dont il est sauvé in extrémis par son idole littéraire : le mythique poète latin Virgile, qui lui dit venir de la part d’une certaine Béatrice. La jeune femme, inoubliable amour de jeunesse de Dante morte à seulement 24 ans, l’attend en sécurité, au Paradis. Mais pour qu’il puisse la rejoindre, le poète va devoir s’armer de patience et de courage, et accepter de purifier son âme à travers un éprouvant voyage initiatique… Dantesque ! A travers l’Enfer, lieu d’épouvante et d’atrocités dont les cercles s’enfoncent jusqu’au centre de la Terre où repose Satan ; à travers le Purgatoire dont il faut gravir la montagne d’étage en étage, de péché en péché (les 7 capitaux) jusqu’au Ciel, et enfin, à travers le Paradis et ses marches célestes, Dante retrouve enfin sa bien-aimée et peut contempler avec elle la Lumière Divine dans une plénitude totale !   

A une époque où la langue littéraire était encore le Latin, et la langue orale encore non fixée parmi plusieurs dialectes, Dante a intronisé la langue italienne en la faisant entrer en littérature et en la choisissant pour chanter son aventure métaphysique.

Avec l’Iliade & l’Odyssée d’Homère, le Don Quichotte de Cervantès en Espagne, les pièces de Shakespeare en Angleterre et le Faust des Allemands, la Divina Commedia de Dante est un texte incontournable de nos « racines culturelles » européennes, et c’est dans cette perspective qu’il fait partie du « starter » de tout cursus de lettres, et simplement du bagage élémentaire de toute bonne culture générale. 

Dans ce documentaire, on retourne aux origines de l’œuvre, avec des éléments biographiques sur Dante, sa rencontre et sa relation platonique avec la mystérieuse Béatrice, mais aussi et surtout, son parcours politique chaotique dans la Florence médiévale des Papes, ville sanglante, dépravée et déchirée par les guerres civiles, comme tout droit sortie du deuxième Assassin’s Creed ou d’un épisode de Game of Thrones (ou plutôt, les épisodes de la série sortent tout droit de ce passé historique traumatisant).

Le documentaire s’essaie à quelques expériences de mise en scène qui peuvent déplaire ou déconcerter un peu, mais rien de bien extravaguant. Un acteur, habité par son texte, interprète plusieurs vers issus du poème, et une actrice sert d’évocation à la figure de Béatrice. Le plus intéressant et réussi, c’est évidemment les interventions de plusieurs spécialistes qui parlent de leur passion pour cette œuvre et tentent d’en expliquer les enjeux. La voix off – féminine – s’adresse non pas à nous, mais à Dante lui-même, comme une sorte de lettre adressée à lui à travers les âges, ou comme le Fantôme des Noëls Passés de Charles Dickens dans son célèbre conte de Noël.

Cherry on the cake, parmi d’autres morceaux très sympas, le documentaire s’offre pour musique rien de moins que… du James Horner ! Au compositeur de Titanic, il emprunte un des plus beaux thèmes qu’il ait composé : celui d’Un homme d’exception (A Beautiful mind) ; un titre fort à propos pour qualifier Dante. L’effet des images et de la narration n’en sont que plus saisissants, pour un rendu d’ensemble très immersif et dégageant une ambiance à la fois mystique et romantique. Le documentaire réussit particulièrement à rappeler en quoi ce texte a quelque chose d’extrêmement intimidant, quasi sacré, avec cette aura médiévale et gothique, cet imaginaire chrétien, l’atroce contexte historique qui l’a vu naître, les tourments de son auteur et sa face sombre : un homme plein de ressentiment, de haine pour ses semblables, avec une profonde soif de justice divine, d’amour idéal, de châtiment vengeur sur les âmes corrompues de son temps, non pas par-delà le Bien et le Mal, mais en plein dedans, au cœur même de leur lutte éternelle.

Bref, une belle occasion de réviser un classique. En attendant que je puisse m’y attaquer à mon tour ! (Souvenez-vous de mes essais photos, peu après la chronique que je lui avais consacré à Radio-Compile !). La vidéo est déjà écrite ; il ne manquerait qu’à la tourner… et la monter ! Ce n’est donc pas pour tout de suite, mais elle me tient à cœur, et j’espère pouvoir la faire ! 



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